mardi 3 janvier 2012

1/ Les thèmes principaux de Poussières d'étoiles

Hubert Reeves, un astrophyscien québécois de renommée mondiale, publie en 1984 Poussières d'étoiles, après le succès de son premier ouvrage de vulgarisation scientifique, Patience dans l'azur.
Dans ce livre, il décrit l'origine de la vie et sa complexification. Il utilise le point de vue de l'homme, capable de tourner sa tête vers le ciel et de se poser des questions.

Hubert Reeves

Ainsi, il est question dans ce livre de la vie, et ce thème est abordé sous tous ses angles, sous toutes ses facettes comme s'amuse à le dire Hubert Reeves.

Depuis des questions d'ordre scientifique, telles que "De quoi sommes-nous constitués ?", "D'où vient la vie ?", "Comment la vie s'est-elle développée ?", l'auteur dérive sur des questions d'ordre beaucoup plus philosophique.  Ainsi, il aborde la question de la vie : pourquoi sommes-nous vivant ? Cette question sur l'origine rejoint celle de l'origine de la philosophie.

Hubert Reeves parle donc de l'identité de l'homme, d'abord d'un point de vue scientifique (sa constitution, l'origine de son corps, sa complexification, ...) ; puis d'un point de vue plus distant, pour prendre conscience de l'être, comme le souligne Hegel, qui dit dans son Traité de la Nature Humaine : "je ne peux me saisir", justement à cause de cette distance nécessaire pour prendre conscience de soi.

L'Homme et la vie sont-ils ici par hasard ? Y a-t-il une intention derrière tout ça ?

Ainsi, à travers ces questionnements, Hubert Reeves évoque l'absolu de l'homme. L'homme ne peut vivre sans absolu, et l'astrophysicien tente de tendre vers cet absolu à travers la connaissance qu'a l'homme à travers la science. Il accède alors à la verticalité de l'homme, transcendante vers un absolu, notamment d'ordre divin.


2/ Quelle est l'intention d'Hubert Reeves ?

En tant que vulgarisateur scientifique, le premier but d'Hubert Reeves était de faire un livre accessible à tous afin d'éclairer un lectorat curieux sur l'origine de la vie à travers l'étude du ciel.

En effet, dans une certaine mesure, l'homme est caractérisé par sa capacité à accéder à la verticalité : l'homme se tient debout, l'homme observe le ciel, et l'homme se pose ainsi des questions sur son origine. Or, la science qui permet d'éclairer les questionnements purement théoriques (dans le domaine de la biologie, de l'astronomie, de la géologie ou même de la physique pure), qui bien qu'essentiels à la compréhension du monde, ne peuvent être compris aisément pour n'importe qui. Il montre ainsi que la science n'est pas qu'une observation de phénomènes compliqués, mais aussi une contemplation d'une autre forme de beauté.

Ainsi, Hubert Reeves utilise des images, des métaphores, qui lui permettent de rendre compte tantôt de l'immensité de l'univers, tantôt de sa complexité ou parfois, tout simplement de sa beauté.

J. W. Waterhouse, Psyche Opening The Golden Box, 1903

En nommant son livre Poussières d'étoiles, en mettant comme citation d'introduction "tu n'es que cendres et poussières", Hubert Reeves rend aussi compte d'une certaines vanité de la vie : l'homme ne fait que passer sur Terre, de manière totalement insignifiante  l'échelle de l'univers, vieux de quelques 15 milliards d'années. Il souhaite ainsi éclairer ses lecteurs sur l'importance de leur existence : s'ils sont sur Terre, aussi bien par hasard que par nécessité, ils doivent prendre conscience d'eux mêmes. Plus qu'exister, l'homme doit vivre.

Enfin, la question écologique est rapidement abordée. Comme nous, la nature est fragile, or l'homme est dangereux par certains aspects pour l'environnement dans lequel il habite. Ce thème sera surtout développé par l'auteur dans son recueil de questions Chroniques du ciel et de la vie, mais cette prise de conscience est d'ores et déjà évoquée dans Poussières d'étoiles.

"L'antique dialogue entre l'univers et l'être humain est-il devenu caduque ? Je crois plutôt qu'il est à reformuler sur des bases nouvelles, des bases qui intégrent tout l'acquis des sciences. C'est dans cet optique que j'ai écrit ce livre. Notre rapport avec la Nature s'est largement enrichi. Les évnements cosmiques illustrés dans ces pages (effondrement de nébuleuses, explosions d'étoiles) ont beaucoup plus de signification pour nous que l'apparition des comètes et des étoiles filantes"

3/ Quels liens y a-t-il entre les étoiles et la vie ?

Le spectacle du monde



A partir de la "purée initiale" que constituent les étoiles, comme l'image Hubert Reeves, l'univers va littéralement prendre vie. Ces étoiles existent caractérisées par leur activité nucléaire. Il s'agit d'un rejet d'atomes dans l'espace, suite à une réaction de fusion nucléaire rendue possible au coeur des étoiles grâce à de très fortes températures. La force nucléaire forte a un champ d'action restreint (en somme, elle n'agit pas hors du noyau), et a une très forte intensité. Ainsi, elle soude les quarks dans les protons, et les protons dans les noyaux. On dit dès lors que la force nucléaire est la source de l'énergie des étoiles, et de leur longévité.

La force nucléaire forte joue un rôle majeur dans la nucléosynthèse : la formation des atomes. La puissance attractive qu'elle exerce entre les nucléons leur permet de se combiner pour fabriquer tous les noyaux atomiques, jusqu'aux plus lourds.
Or, il faut une température très élevée pour que cette nucléosynthèse ait lieu. C'est au sein des étoiles que l'on trouve une telle chaleur, et que ces réactions se déroulent. Ces centaines de millions de degrés provoquent de nombreuses et incessantes collisions, et parfois, les particules fusionnent entre elles pour former de nouveaux composés.

Andromède


C'est pourquoi à partir des protons initiaux du Big Bang, il y a une grande variété des atomes dans l'univers.
Ainsi, les éléments chimiques qui constituent les planètes solides comme le fer, ou le silicium ou bien les éléments fondamentaux à la vie, comme le carbone, l'oxygène, ou l'azote, sont nés au sein des étoiles, grâce à la cohésion de la force nucléaire.
La matière est alors comme des "grains de poussières", matière issue des étoiles, et du Big Bang initial. Et il est nécessaire que ces grains de poussières créés lors de la naissance et le développement de l'étoile, s'accumulent en planètes rocheuses.

Dès lors, par de nombreuses réactions physico-chimiques, et des conditions bien précises (température, distance par rapport au Soleil, présence d'atmosphère ou non...) l'évolution chimique et biologique à la surface de cette planète bat son plein. Et il faut pas moins de quelques milliards d'années pour qu'une planète engendre les prémices de la vie.

L'univers est âgé de 15 millards d'années, la durée au moins nécessaire pour créer un être sachant, conscient de qui il est, du monde qu'il habite et apte à se poser des questions sur son origine.

4/ En quoi consiste la Voie Lactée ?

Le mot "galaxie" est issu du grec "galactos", qui symbolise le "lait". Les premières observations concrètes de galaxies ont été établies par Galilée, au XVIème siècle, par un "tissu d'étoiles". Ainsi, les galaxies correspondent à un très grand nombre d'étoiles étalées sur de très longues distances.

Au delà des étoiles les plus brillantes qui marquent le ciel de constellations, au loin, beaucoup plus loin, d'autres étoiles brillent aussi. Elles tracent sur le fond noir du ciel une bande floue, lumineuse mais très pâle. Cette bande assez large et laiteuse, correspond à la "Voie Lactée". Cette ligne parcourt le ciel d'un bout à l'autre et va bien au-delà. D'ailleurs, cette même ligne dans le ciel n'a pas échappée aux Grecs, qui l'appelaient "gala" qui signifie aussi "lait", la "voie lactée", appelée aujourd'hui "la galaxie".
En effet, elle représente notre galaxie vue par la tranche. En été, en regardant, vers le sud, on voit une bande lumineuse laiteuse qui s'étire de la constellation du Sagittaire jusqu'au dessus de nos têtes et continue bien au-delà.

La Voie Lactée, aisément observable, ici en aout, par une nuit sans lumière

Cette faible lumière laiteuse est due au fait que nous regardons des étoiles à plusieurs milliers d'années lumières. Ces étoiles ne sont pas visibles individuellement, mais l'accumulation de leur faible lumière nous permet d'observer  ce trait blanc qui traverse notre ciel les nuits d'été.
Vers le sud, et vers la constellation du Sagittaire, la "voie lactée" apparaît plus brillante, plus lumineuse car le centre de la galaxie est également vers le sud et apporte donc un meilleur éclairage. De ce fait, en s'éloignant, vers la constellation du Cygne, l'intensité et la brillance de la "voie lactée" diminue à mesure qu'elle s'éloigne du centre de la galaxie. Elle est notre ciel, notre galaxie, ce que nous voyons de plus loin.

Zao Wou Ki

5/ Comment sont nées les galaxies ?


L'univers en formation

L'univers est né il y a 15 milliards d'années, suite à ce que les scientifiques ont appelé le Big Bang. Cette explosion a entraîné la formation d'une "purée cosmique homogène", extrêmement chaude et éblouissante. Cette purée n'est alors pas formée de galaxies, d'étoiles, de planètes, d'atomes ou même de nucléons. La matière est simplement constituée de particules élémentaires comme les photons, les éléctrons ou les quarks, rassemblés sans aucune véritable structure.

L'organisation de la matière commence un millionième de seconde après l'explosion initiale. Les quarks présents dans la "purée initiale" s'organisent trois par trois pour donner naissance aux nucléons. Cette association est permise par la force nucléaire qui cimente ce premier édifice. Grâce à cette combinaison, la deuxième étape de l'organisation de la matière s'ammorce après quelques minutes, l'assemblage des nucléons en noyaux. Ainsi, les nucléons fusionnent ,grâce à la très haute température, en hydrogène (un proton), puis en hélium alors composé de quatre nucléons. Cette courte période de la formation de quelques noyaux s'arrête là, les noyaux lourds essentiels à la vie n'apparaitront pas à ce moment.

G. Moreau, Salomé

Puis, s'écoulent des millions d'années pendants lesquelles l'univers va se refroidir pour aboutir à la formation des galaxies par l'organisation de la matière sous l'effet de la gravité. La période des quelques centaines de millons d'années durant lesquelles la gravité organise la matière en galaxies est pour le moment assez trouble du point de vue des scientifiques, ce qui n'empêche pas d'expliquer les mécanismes de cette période. Nous savons simplement que, sous l'influence de leur propre poids, des régions entières se contractent sur elles même,  et engendrent des galaxies.
Ainsi, à partir de cette purée initiale, naissent les galaxies.



L'expression « faire la danse des sept voiles » est une métaphore qui désigne l'apparition progressive d'un phénomène, en référence au mythe biblique de Salomé. Et Strauss, s'inspirant directement de la pièce de Wilde, s'inspirant lui-même de la peinture de Moreau, exprime dans cet opéra cette attente presque sombre comme l'obscur clarté des étoiles.

6/ Quel est le rôle de la gravitation dans la formation des étoiles ?

Depuis bien longtemps, l'Homme cherche à comprendre, à connaître le "pourquoi" de toute chose. Il tourne ainsi son regard vers le ciel, parsemé d'étoiles, dont on connait aujourd'hui le mode de formation.

Les Pléiades

L'observation des galaxies nous a permis de découvrir l'emplacement de taches sombres, appelées nébuleuses. Ces nébuleuses sont un regroupement de gaz et de poussières, formant une pouponières d'étoiles. En effet, soumise à la force de gravité, la nébuleuse s'effondre sur elle-même, formant un grand disque en rotation. Au centre de ce disque, la masse de gaz se réchauffe intensément jusqu'à atteindre des millions de degrés. Grâce à cette forte chaleur, des réactions nucléaires se produisent, entrainant la formation de nouveaux atomes avec l'apparition d'une intense activité lumineuse.

Toujours grâce à la force de gravité, les atomes se rencontrent et se soudent provoquant la formation de plusieurs étoiles au coeur de cette nébuleuse en rotation. C'est cette accrétion d'atomes, cette contraction qui donne l'énergie suffisante à l'étoile pour émettre aussi vite un rayonnement lumineux. Cependant la température est encore trop faible pour que des réactions nucléaires s'amorçent au coeur de l'étoile qui, plus tard, la feront vivre. La force de gravité va animer toute l'enfance des étoiles et lui confère ainsi sa forme sphérique.

Au sein d'une même nébuleuse de nombreuses étoiles peuvent naître et, sous l'effet de leur nombre et de la force de gravité, reste bloquées, attirées par leur nombre et la force qu'elles entrainentn formant un immense amas globulaire.

7/ Quelles sont les principales caractéristiques du Soleil ?

Le soleil est l'astre par excellence, le coeur de notre système solaire, notre étoile. Mais, comme pour toutes ses soeurs, la naissance de ses premières années nous est assez flou.
Toutes les étoiles proviennent de la contraction et la rotation d'une nébuleuse gazeuse qui, en chauffant, fait apparaître l'astre au centre du disque en rotation. Ainsi naquît le soleil.

Le Soleil

Cependant, malgré l'échauffement de la nébuleuse pour donner naissance à cette étoile, la température interne du Soleil n'est pas encore assez élevée pour que des réactions nucléaires opèrent. Ainsi, l'enfance du soleil est gouvernée par la force de gravité et permet au soleil de rayonner dès les premiers instants de sa création. En effet, sa machine thermonucléaire actuelle a été mise en place par la contraction de sa matière afin d'atteindre les millions de degrés nécessaires à la fusion nucléaire. En outre, la contraction gravitationnelle de sa masse gazeuse provoque l'échauffement du coeur solaire et la mise en place de la force nucléaire pendant sa première quinzaine de millions d'années. La force de contraction laisse place a la force nucléaire qui assurera la luminosité du soleil pour les prochains millards d'années. Ainsi, la taille du soleil se stabilise sur un rayon de 700 000 kilomètre et fait rentrer l'étoile dans sa "séquence initiale".

Proéminence du Soleil
La température alors très élevée entraîne l'agitation des particules et la rencontre des protons est donc largement favorisée. Ainsi, la force nucléaire et la force faible permettent aux protons de s'associer et entraînent ainsi une libération d'énergie nucléaire conséquente nécessaire à la vie du soleil. Petit à petit, les protons s'assemblent quatre par quatre pour former des noyaux d'hélium par le biai de la fusion de l'hydrogène en hélium. L'énergie alors créée est considérable et les températures de fusion dépassent les millions de degrés. C'est la très grande masse du soleil qui lui permet de contrôler cette réaction et de contenir ces millions de degrés. Les réctions se passants au coeur de l'astre, les couches supérieures étalées sur 700 000 kilomètres bloquent la radioactivité engendrée par ces réactions nucléaire et stabilisent la pression dégager par le brasier. Comme toutes les étoiles, le soleil vie de cette production d'hélium.

La lumière émise en permanance par le soleil nous permet d'analyser les différentes couches qui le composent et de comprendre la structure de ce magma incandescent. Ainsi la surface du soleil est marquée par ne nombreux sursauts et protubérances générés par la constante ébullition des couches superficielles. De plus, on remarque que plus l'on avance vers le coeur de l'étoilen plus la température, la préssion et la densité de la matière augmente. A partir de 100 000 kilomètres de profondeur les couches gazeuses se calmes et la température atteint le million de degré. C'est au niveau du coeur de l'astre qui l'agitation reprend. L'hélium, en perpétuelle formation, nécessite des températures autour de 15 millions de degrés. Heureusement, les 700 000 kilomètres qui séparent ce brasier thermonucléaire de la surface empêchent les produits radioactifs et autres substances très dangereuse de se balader à l'air libre.

Le Soleil
Comme nous l'avons dit précedemment, la surface du soleil est soumise à de nombreux phénomènes extraordinaires ,surement dues à l'énergie libérée par le brasier nucléaire, entraînant l'apparition de taches solaires. Les taches solaires sont d'immenses régions sombres à la surface du soleil et en représentent les régions les plus froides. Etaler sur des milliers de kilomètres,  ces zones sont le siège d'intenses champs magnétiques qui gouvernent le comportement de la matière solaire. Il arrive que la région entière s'embrase laissant s'élever des jets de matières qui retombent en cascades qui sont pour nous, des phénomènes spéctaculaires à observer.

De même, les aurores boréales, magnifiques cascades de raies lumineuses, doivent leur existence au soleil et plus particulièrement aux vents solaires qu'il dégage. En effet, comme toute les étoiles, le soleil pert de sa matière, se désintègre et donne lieu à de puissant vent de matière solaire. Grâce au champs magnétique de la Terre, ce vent ne parvient heureseument pas à sa surface. L'analyse de ces flux de particules rapides nous permet de capter de nombreuses informations concernant bien évidemment, le soleil, mais aussi le système solaire et l'univers tout entier. En effet la composition de ces vents solaires nous renseigne sur le mode d'expansion de l'univers. C'est pourquoi Hubert Reeves dit que "dans les particules du vents solaire on lit l'avenir du monde".
Pour en revenir au sujet des aurores boréales, le champs magnétique de la Terre repousent la plupart des particules rapides, mais certaines bouffées parviennent tout de même à passer. Ces fuites ont lieu au voisinage des pôles et, en frappant notre atmosphère, illuminent notre air. Ainsi, il s'agit d'un phénomène de fluoréscence où chaque atome frappé par ce vent produit une lumière qui lui est propre.

Aurore Boréale en Norvège

8/ Comment meurent les étoiles ?

Les étoiles sont caractérisées par de constantes réactions de fusion nucléaire : les atomes légers se combinent pour former des atomes plus lourds, afin d’accroître leur stabilité. Ainsi, les atomes d'hydrogènes qui constituent le Soleil se combinent pour former des atomes d'hélium, qui se combinent pour former de l'oxygène, etc.

Bocklin, L'île des morts, 1896

Or, ces réactions de fusion nucléaire demande une très importante activité thermique pour l'étoile. Au fil de l'évolution de ces étoiles, on observe une variation de leur taille et de leur couleur, qui permet aux astronomes de déduire leur âge, et leur productivité d'éléments chimiques : plus une étoile sera petite et bleue, plus elle sera jeune ; plus elle sera grande et rouge, plus elle sera vieille. A ce stade, on parle de géante rouge, et c'est durant cette période que l'étoile dégage les atomes nécessaires dans l'organisation de la matière : l'oxygène et le carbone. Ainsi, les étoiles finissent par "mourir" : lorsqu'elles n'ont plus de matière à consommer pour continuer à briller, elles s'effondrent sur elles-mêmes, et explosent soudainement (le phénomène est relativement court à l'échelle astronomique). Ce phénomène est appelé supernova : la matière de l'étoile est projeté dans l'univers, faisant de ce phénomène quelque chose de très lumineux (parfois observable de jour !). Au fil du temps, la matière éjectée sera dispersée dans l'espace. Elle demeure ainsi, brillante, sous forme de nébuleuses. Au sein de ces nébuleuses, beaucoup de matière est finalement produite, ainsi que des rayonnements cosmiques, qui aboutiront à la synthèse de nouveaux atomes.

De ces nébuleuses naîtront de nouvelles étoiles. On dit de ces nébuleuses qu'elles sont des "pouponnières d'étoiles".
Simeis 147 : Supernova Remnant

9/ Comment se sont formées les planètes ?


La formation des planètes résulte de l'activité de deux forces, la force électromagnétique et la force de gravité, sur les particules et grains de poussières rejetés dans l'espace après l'un des plus beaux spectacles visibles dans l'univers, l'explosion d'une supernova.

A sa mort, l'étoile explose et entraîne avec elle un très fort dégagement de températures atteignant les dizaines de milliards de degrés. C'est la chaleur concentrée dans le noyau de l'étoile qui rend l'explosion aussi impressionante. A la suite de l'explosion, la température de la masse gazeuse se refroidit et provoque ainsi son étalement, sa dilatation. Cependant, l'espace n'est pas vide, et l'extension de la masse gazeuse est freinée par les quelques atomes éparpillés dans l'espace. Ainsi, le gaz et la matière se mélangent et cette combinaison accélère le refroidissement jusqu'à atteindre le million de degré. A partir de cette température, il fait assez froid pour que les noyaux et les électrons libérés par l'explosion se rassemblent et engendrent les premiers atomes, à l'aide de la force électromagnétique qui cimente cette association d'éléments positifs (les noyaux) et négatifs (les électrons). A leur tour, les atomes se rencontrent et se rassemblent, à l'aide de la force électromagnétique, pour former les premières molécules, en commençant par les plus simples, comme l'eau. Ainsi, des centaines de combinaisons d'atomes sont créés, engendrant des centaines de molécules différentes, appelées à un grand avenir.

La Naissance de Vénus, S. Botticelli

En parallèle, l'association des atomes forment les premiers corps solides de l'univers, les grains de poussière stellaire, toujours à l'aide de la force électromagnétique, qui nous apparaissent comme une nébulosité striée, grâce à l'éclairage de la lumière.
L'étude de ces grains de poussière a révélé que lors de leur voyage, des molécules d'eau de méthane et d'ammoniac se sont fixées aux grains rocheux, l'enveloppant d'une fine couche de glace.
Le bombardement constant de rayons cosmiques force les molécules à se transformer, se dissocier, ce qui entraîne parfois la naissance d'entités inédites. Cependant, ces rayons cosmiques ont déjà sévi en créant précédemment trois éléments, le lithium, le béryllium et le bore. Ces trois particules, en circulant très rapidement dans l'espace, frappent au hasard les molécules simples et amènent ainsi à la formation de molécules plus complexes. Le hasard fait donc bien les choses et c'est à ce propos que Hubert Reeves dit: "la nature utilise le hasard pour organiser la matière".

Saturne

Le gigantesque amas de poussière créé par ces collisions abrite les composants qui formeront plus tard le soleil (dans notre cas), les planètes, les satellites et autres blocs de matières actuellement présent dans notre système solaire. En effet, cette nébuleuse entraîne la formation d'une étoile ainsi que celle des planètes par le jeu des rencontres et des collisions que crée la force de gravité. Comme partout dans la galaxie, cette nébuleuse tourne sur elle-même et forme un disque plat au centre duquel une étoile fera son apparition grâce l'incandescence de la matière à cet endroit. En périphérie du disque,  la poussière s'organise en anneaux autour de l'étoile créée.
De là, la force de gravité joue son rôle, et rassemble les grains de poussières périphériques entre eux formant petit à petit des blocs de plus en plus gros. Cette étape de la formation des planètes nous est l'une des plus sombre, mais nous savons que c'est par la rencontre et le choc des blocs de roche sous l'effet de la force de gravité que sont nées les planètes. Leur éloignement par rapport au soleil modifie leur composition externe (l'eau à l'état liquide, de glace, ou évaporée) et seules quelques planètes placées idéalement par le hasard peuvent prétendre contenir de l'eau à l'état liquide, peut-être futur terre d’accueil pour un début de vie.

10/ Quel rôle ont pu jouer les planètes dans le processus de la vie ?

Depuis la formation de la Terre il y a 4,5 milliards années, une activité thermique n'a eu de cesse de mettre en branle notre planète. Cette activité se manifeste à travers un volcanisme ou une sismicité encore aujourd'hui virulents. Cette chaleur interne est aussi responsable du mouvement des plaques lithosphériques de notre planètes, entraînant collisions, subductions, divergences...

Nébuleuse de la Rosette

Cette activité interne entraine des manifestations conséquentes "à la surface", dont notamment des variations climatologiques, aussi bien au niveau des températures que des phénomènes météorologiques.
Dès lors l'évolution biologique fait en sorte que le vivant s'adapte quant à ces changements de climats, de conditions de vie, voir de milieu de vie : les espèces prennent en compte les climats et ses variations, entraînant son évolution. La chaleur de la planète est très importante dans ces évolutions, puisque la vie ne peut naître que dans des conditions de température très précises. Et c'est pourquoi les scientifiques s'intéressent aux climats de planètes comme Vénus ou à des satellites comme Io, satellite de Jupiter.

Mais en plus des variations de climat, l'atmosphère, issus des gaz évaporés des glaces des grains de poussière stellaire, est très important dans le processus de la vie sur Terre.
La gravité, en fonction de sa force, retient les gaz qui appartiennent à la planète. Ainsi, les planètes étant des corps célestes importants au niveau de la masse, leur gravité est considérable.
De plus, la distance au Soleil est à prendre en compte. C'est elle qui est responsable de l'évaporation ou non des gaz qui constituent l'atmosphère d'une planète. Ainsi, Mercure étant une planète très proche et, somme toute, assez petite, elle n'a pas d'atmosphère, et il n'y a pas eu possibilité de vie sur cette planète.

Au total, pour que la vie puisse se développer, il faut de nombreuses conditions requises : une forte densité, une température "tiède", et des éléments chimiques propices au développement de la vie, comme le carbone, l'azote, l'hydrogène ou l'oxygène. Et ces caractéristiques dépendent entièrement de la planète : sa distance par rapport au Soleil, sa densité... La vie est capricieuse, et pour réunir ces conditions, le hasard serait a priori trop faible pour que "quelque chose" en plus ait accompagné ce développement.

11/ Quel rôle l'eau a-t-elle eu dans l'apparition de la vie sur Terre ?

"Ce fluide, si près de votre âme dans la campagne au clair de lune".

Gaspard Friedrich, Le Moine et la Mer

L'eau a permis le développement de la vie, en plus de son apparition. Par les pluies diluviennes des débuts de notre Terre, les "poussières d'étoiles" à l'origine de la vie vont se retrouver dans les océans.
L'apparition de la molécule d'eau s'est faite par la combinaison d'un atome d'oxygène et de deux atomes d'hydrogène. A la suite de cette formation, ces molécules s'attachent aux grains de poussière stellaire, engendrés par la mort d'une étoile, afin de former les différentes planètes de notre système. Toutes les planètes ainsi crées sont recouvertes d'une couche d'eau. Cependant la composition des planètes, leur éloignement par rapport au soleil et leurs conditions de formation nous montrent que seul notre Terre possède de l'eau à l'état liquide.

Circe Invidiosa, J. W. Waterhouse, 1892
Cependant, la Terre, aujourd'hui "planète bleu", était autrefois rouge. Rouge par l'intense température qui y régnait lors de sa formation, entraînant la formation et la déformation de masses rocheuses au gré de nombreuses et hasardeuses collisions qui ont finalement entraîné la formation des continents. Lors de cette formation, les roches, par l'impacte des collisions et les conditions extrêmes, rejettent leur gaz et leur eau à l'état de vapeur, les laissant s'accumuler dans l'espace. Les premières gouttes tombent, mais elles n'ont pas encore atteint le sol qu'elles se sont déjà évaporée sous l'effet de la chaleur dégagée par les roches en fusion. Petit à petit, la température diminue et l'eau parvient enfin à atteindre le sol, créant des marres, des lacs, des mers, puis des océans, entraînant également la transparence de notre atmosphère. Les pluies diluviennes recouvrent donc notre planète d'eau, dont les flux et reflux permettent la formation des fonds marins. En même temps, elles composent l'océan des nombreux éléments chimiques formés jusqu'alors, précédemment prisonnières des couches de glaces enveloppant les restes d'étoile.

Les conditions alors présentes à l'intérieur de cette eau, la température idéale, la très forte concentration d'atomes permettent une bien meilleure, et bien plus fréquente, rencontre en les éléments, maintenant l'océan à l'état d’immense laboratoire chimique. Dans ces premiers jours, l'océan joue un très grand rôle dans l'organisation de la matière. La force électrique ou encore les rayons cosmiques frappant la Terre permettent la formation de molécules de plus en plus complexes, comme la molécule de sucre. Ces assemblages nous montrent la tendance organisatrice de la matière lorsqu'elle se trouve en condition favorable.
Par la rencontre des molécules, des corps plus complexes et autonomes se forment et se distinguent du mélange dans lequel ils baignent: les premières cellules, composées de millions de molécules, chacune apportant ses caractéristiques propres.
Ainsi apparaît la vie.



12/ Quels sont les grands processus physico-chimiques que la science met en évidence dans l'organisation de la vie ?

Les premières formes de vie sur Terre sont apparues dans l'eau. A ce moment, la nature a différencié une de ses créations des autres en lui donnant la vie, à l'état d'animal microscopique vivant dans l'eau. Ce début de vie, est différent des autres créations de la nature dans le simple fait qu'elle peut mourir. En effet, la vie permet à ces animaux microscopiques de se maintenir en état de "déséquilibre" par rapport au milieu ambiant. A ce moment, son existence ne dépend pas seulement des forces physiques mais d'une alimentation, d'un échange avec l'extérieur. Lorsque cet échange s'arrêtera, l'état d'équilibre du corps reviendra, il mourra. Ainsi la vie apparaît avec la possibilité de mourir.

Fresque de la Chapelle Sixtine par Michel-Ange

La vie, est préservée et organisée par les nombreux atomes et molécules que contient chaque cellule de l'animal. "Chaque molécule joue son rôle dans l'économie de la vie cellulaire". Il y a une activité permanente afin de préserver cet état de "déséquilibre" qu'est paradoxalement la vie. La science a permis de connaître les mécanismes qui permettent de maintenir le corps en état de vie. Ainsi la vie est maintenue par l'échange que le corps a avec l'extérieur, son alimentation qui lui permet de pourvoir à ses besoins.
Cependant, en plus de pouvoir s'alimenter, le corps en vie est capable de transmettre sa capacité à vivre, il est capable de se reproduire. Cette reproduction, associée à l'alimentation, permet d’organiser la vie. Toute ces capacités son stocker à l'intérieur des cellules.

A la naissance de la vie, les premiers animaux microscopiques se dupliquaient toutes les 20 minutes en utilisant les matériaux du milieu extérieur. Ce même milieu servant également à le nourrir. Cependant la consommation permanente des matériaux du milieu extérieur engendre forcément la fin de ce milieu lorsque tous les matériaux auront été consommés. Ici émerge une nouvelle particularité de la vie, le besoin, la compétition. Il y a des conditions pour que l'animal microscopique existe alors que l'atome ou la molécule existe, c'est tout. De ce fait, des contraintes apparaissent pour préserver cette vie et l'organiser. Il ne s'agit alors plus vraiment  de vivre mais de survivre. La vie pose donc des limites, principe qui est absent pour les atomes ou les molécules.
Ainsi, cette compétition engendrée par la nature fait que certaines propriétés deviennent des avantages et d'autres des désavantages. Il y a l'apparition du bon et du mauvais. La mort est donc "un puissant moteur de l'organisation de la matière". Les organismes deviennent vulnérables et certaines propriétés sont primées si elles permettent la survie.

L'organisation de la vie se révèle également sur le point physique. Chaque caractère caractérisant l'être est conservé dans le noyau de la cellule sous forme d'un alphabet de quatre lettres, A, T, C, G. La combinaison de ces lettres forme un message que le corps analyse et a des effets sur le corps sur un point de vue physique, ou cellulaire. L'enchainement de cet alphabet varie tout le temps, ainsi, chaque combinaison forme un message différent. Ces messages, les uns à la suite des autres, forment ce que l'on appellent l'ADN, dans lequel chaque caractère du corps est conservé. Cet ADN est donc conservé dans le noyau et s'exprime au niveau de tout le corps. Lorsqu'on change une lettre de l'alphabet, le message n'est forcément plus le même, et les conséquences se ressentent sur le corps de l'individu. Ce changement peut être provoqué par un élément naturel, comme les rayons cosmiques. Cependant il est seulement du au hasard. Ainsi, le hasard modifie les individus en les rendant différents les uns des autres, en ne leur donnant pas les même capacités, par le biais de "mutations génétiques". L'ADN participe à l'organisation de la vie e configurant chaque caractère.

La Terre
 Les conditions changeantes du milieu de vie des êtres vivants, rendent leur vie difficile. Difficile, car ils sont menacé par la mort. C'est elle qui pose des limites et attache une valeur bénéfique ou maléfique à des acteurs neutres et inconscients, comme les rayons cosmiques. La mort force l'être vivant à se battre pour survivre. Ainsi, il doit s'adapter pour survivre, se modifié pour ne plus subir. Les mutations génétiques entrainées par les rayons cosmiques modifient certains caractères d'une espèce de deux façons: bénéfique ou maléfique. Ceux qui héritent du caractère bénéfique survivent alors que les autres meurent. Ainsi, la nature fait le tri grâce à l'intervention, une fois de plus, du hasard. La capacité de reproduction des êtres vivants fait que le caractère bénéfique se transmet aux générations suivantes et fait durer l'espèce. Ainsi, l'être vivant a évolué pour s'adapter à son milieu sous la contrainte de la mort qui détient le rôle clef dans l'organisation de la vie. Cet aspect différencie totalement l'être vivant de l'atome ou de la molécule qui elle est figée, n'évolue pas, puisqu'elle n'a pas de raison. C'est cette obligation de l'évolution qui a poussé la simple cellule à de venir Homme.
Avec les mutations, la nature a trouvé un autre moyen de préserver la vie et de l'organiser. Comme à son habitude elle joue la carte de l'association, de l'union. Ainsi, des cellules s'assemblent pour former un organisme plus résistant, plus à même de résister à la mort. C'est ainsi que naissent les premiers organismes pluricellulaires, les algues ou les méduses en font parti. Quoi de mieux comme preuve de la réussite de cette association que de constater que ces être sont encore présents sur notre planète? Les nombreux tests de la nature, les différentes mutations, ont engendré de nouvelles espèces créant ainsi encore plus de possibilités. L'organisation de la vie est en marche.

Sur ce principe de l'évolution des espèces, la planète a également son mot à dire. L'évolution des espèces se fait pour l'adaptation au milieu de vie. C'est pourquoi lorsque le milieu de vie reste inchangé, l'évolution est inutile pour survivre, et l'espèce ne subit plus de modifications. C'est le cas pour le milieu aquatique où les méduses et les algues n'ont plus eu besoin d'évoluer au bout d'un certain temps. En revanche, et c'est là qu'intervient l'activité planétaire, sur les continents, la situation est différente. L'activité constante du centre de la Terre modifie son aspect extérieur et change donc les conditions de vie. Les espèces sont donc forcées de s'adapter en évoluant, et la sélection de fait alors "naturellement". C'est parce que la Terre a de l'énergie à revendre que les espèces ont continuellement besoin de s'adapter, aujourd'hui encore.

Cependant la vie sur les continents est seulement due à une chose, la prolifération des algues marines. En effet, les rayons UV frappant la Terre de plein fouet, ils stérilisent toute possibilité de vie. Cependant le fonctionnement des algues marines est tel que ces algues rejettent des molécules d'oxygènes. Ces molécules remontent à la surface et en se cassant s'assemblent à un autre atome d'oxygène pour former de l'ozone. L'emmagasinement de cet ozone crée la fameuse "couche d'ozone" qui bloque le passage des rayons UV. De là, un fois que les espèces ont développé une nouvelle mutation leur permettant de s'adapter au mode de respiration, les terres deviennent habitables et la vie commence à proliférer. De nouvelles espèces apparaissent à nouveau. "Ce passage d'une atmosphère de gaz carbonique à une atmosphère d'oxygène est une étape majeure du développement de la vie terrestre."
Avec la possibilité de vie sur la terre, les animaux se développent et profitent de ce nouvel espace. Il en profite tellement que des animaux de plus en plus gros apparaissent, c'est le règne des dinosaures. Cependant l'extinction de cette forme de vie fait tout recommencer à zéro et place maintenant le mammifère au centre, qui développe non pas la taille du corps, mais la taille du cerveau. C'est cette évolution qui me permet aujourd'hui d'écrire ce que je suis en train d'écrire. C'est de cette évolution que naît l'Homme et sa capacité à se poser des questions, à prendre conscience de lui même.

H. Rousseau, Le Tigre attaquant un Buffle

L'évolution de l'animal jusqu'à l'Homme, nous l'avons dit précédemment, est due à sa capacité à s'adapter à son milieu. C'est cette capacité qui, aujourd'hui encore, lui permet de rester en vie. Elle est inscrite directement dans nos cellules, plus précisément dans notre ADN, dans lequel certains mécanismes automatiques sont enregistrés et interviennent sans cesse dans notre corps. On peut citer comme exemple, l'adaptation du corps à la température ambiante. S'il fait chaut, le corps dégage de l'eau pour le rafraichir. Ces informations font partis de notre connaissance, de ce que nous savons grâce à nos ancêtres qui nous l'ont transmit. C'est cette connaissance qui permet la survie.
Cependant, cette connaissance n'est qu'une partie de ce que je dois savoir pour rester en vie. Ce ne sont pas les mécanismes inscris dans mes gènes qui font que je m'arrête au feu rouge. C'est mon expérience personnelle et l'enseignement de mes parents, les connaissances que j'ai acquis et non celles qui sont automatiquement inscrit dans mes gènes, ce que l'on appelle la culture. La culture est un moteur de l'évolution puisque chez l'homme avec l'invention de l'écriture, du langage, de l'image, ou chez n'importe quelle espèce d'animal, elle accroît prodigieusement les patrimoines des connaissances et rend l'espèce bien plus résistante à son milieu de vie, plus apte à lutter contre la mort.

Ainsi, la vie créée par cette généreuse et hasardeuse nature, est préservée et organisée par le fait que, contrairement aux particules ou aux atomes, le corps peut mourir. De là, une lutte s'organise et permet à la vie de procréer en évoluant sur différentes espèces qui s'adaptent de mieux en mieux à leur milieu de vie, devenant de plus en plus résistantes. La vie crée de l'ordre, les avantages et les inconvénients qui permettent à chaque test, chaque nouvelle espèce engendrée par le jeu des combinaisons hasardeuses de la nature, d'exister ou de s'éteindre et de participer ainsi au développement du patrimoine culturel qui fera de l'Homme, sa création la plus avancée.

13/ Peut-on considérer qu'il y a une intention dans la nature ?

On constate qu'il y a eu, au cours de l'histoire de l'univers, une croissance de la complexité. C'est à dire que l'univers, qui était désorganisé, issu du Big Bang (qui se rapproche du Chaos des Grecs), s'est petit à petit organisé. La matière s'est assemblée par les forces physiques qui gouvernent le monde.

J. Turner

Des électrons,  aux photons, en passant par les quarks, la nature se structure. Hubert Reeves utilise l'image d'une sorte de grammaire, où les lettres petit à petit forme des mots, qui vont pouvoir créer des phrases, qui une fois assemblées et organisées font se structurer des paragraphes, ...
Ainsi, l'univers est constitué de particules élémentaires, les protons et les neutrons, qui constituent les noyaux d'atomes, qui peuvent s'assembler en molécules, puis créer des êtres vivants...
A l'image d'un cercles, on voit que les galaxies, sont constituées d'étoiles, qui créent et sont faites elles-mêmes d'atomes...

C'est pourquoi l'histoire de l'univers traduit une croissance de la complexité.

L'Homme, par sa capacité à se poser des questions, se demande alors si cette complexification correspond à un projet. Y a t-il une quelconque divinité derrière l'univers ? Est-ce issu d'une quelconque entité ?
A vrai dire, l'Homme se demande comment s'est arrivé. Comment l'Univers est-il devenu ce que l'Homme observe actuellement ?

Selon l'astrophysicien, il y aurait deux possibilités :

   - Non, il n'y a rien derrière l'univers, il serait le fruit du pur hasard. Hubert Reeves fait alors référence à Lucrèce et au jeux des petites billes, qui symbolise la pensée matérialiste, ou encore à Démocrite qui dit : "tout arrive par hasard et par nécessité".

   - Oui, il existe une sorte d'organisateur,, de Dieu. Il faut alors s'accorder aux croyances de certaines religions (la conception du monde selon la religion chrétienne, la religion musulmane, etc). Ou alors, il existerait un Dieu, qui s'occuperait de régir la matière, de choisir les proportions...

Ainsi, il existe moult interprétations personnelles, notamment par la culture. En fonction du milieu social, religieux, géographique dans lequel nous apprenons la vie, les réponses à cette question sur l'intention de la Nature vont dépendre de tout un chacun. Comme Hubert Reeves le dit souvent : "les questions sont universelles, les réponses culturelles sont culturelles".

Hubert Reeves évoque ainsi la sensibilité, les parents, les attirances mystiques, ou plutôt un esprit matérialiste,  ou plutôt proche du rationel.

Quant à son intime conviction, Hubert Reeves pense que l'univers ne peut pas être le jeu du pur hasard. Il dit ne pas concevoir que "le jeux des petites billes" puisse façonner l'univers, que les probabilités sont trop improbables, et que si l'Homme est en capacité de penser et de réfléchir, il existe un absolu dans l'univers qui, plus loin que "le Grand Horloger" de Voltaire, serait une sorte d'Idée de l'Univers.

Girodet - Le sommeil d'Endymion

Alors, nous sommes en droit de nous demander qu'est-ce qui domine cette intention dans la Nature. Pour le moment, on ne sait pas : aucune religion ne détient la vérité absolue. C'est pourquoi, l'astrophysicien dit que  chacune touche un angle du problème, "une facette du diamant", qui rendrait compte d'une sorte d'intuitions de chaque religion.

14/ La vie est-elle le fruit du hasard et de la nécessité ?

Tradition philosophique installée depuis deux millénaires par Pythagore, Platon, ou encore énoncée par Galilée, le monde est totalement compréhensible en termes de concepts, d'idées claires et de mathématiques. Il y a respect du principe de causalité : une cause première extérieure provoque un effet et un effet est provoqué par une cause, cette idée sera d'ailleurs reprise par Spinoza, largement influencé par le rationalisme de Descartes. Ainsi Spinoza explique que pour lui, la Nature est nécessaire, mais n'a pas de nécessité.



D'un autre point de vue, selon Einstein : "Le hasard n'est qu'un alibi de notre ignorance". Le but d'Einstein, a toujours été de trouver une théorie ultime de la matière, une équation unificatrice de tous les comportements physiques, puisque d'après lui, le monde est entièrement explicable selon des lois mathématiques. Et le grand savant du XXème siècle de rajouter : "Les mathématiques sont complexes, mais l'idée qui les sous-entend est lumineusement simple".
On peut faire ici un parallèle avec Guy de Maupassant, auteur de la fin du XIXème siècle à mi chemin entre naturalisme et réalisme, à propos de la vie : "La réalité n'est jamais ni aussi compliquée, ni aussi simple qu'on croit". Il exprime ici ses doutes quand à la retranscription de la réalité à travers la littérature. Il pousse son raisonnement à bout dans la Préface de Pierre et Jean, considéré comme un texte fondateur du naturalisme : "Les Réalistes de talents devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes". En étendant cette thèse à l'univers, l'Homme ne sait qu'est ce qui est véritable ou qu'est ce qui est illusoire dans ce monde, cette contemplation du ciel et de la vie.



Hubert Reeves tend à penser aussi que l'homme est une "aberration de la nature". Il observe que la Nature est un système harmonieux, où chaque chose est équilibrée, et chaque espèce, chaque phénomène se répond. Or, l'astrophysicien que si la vie est née d'un déséquilibre, l'espèce humaine serait la seule qui puisse bouleverser ces équilibres naturels (notamment au niveau écologique). De plus, la vie humaine renvoit à la nature de l'homme. Or selon Kant, l'homme a pour nature d'être doté de raison, là où les animaux ont l'instinct. A savoir, si ce raisonnement est issu de l'évolution, ou s'il y a une volonté, de nature divine ou ne serait-ce qu'absolue, derrière, l'Homme ne peut se saisir que des réponses partielles à ces questions, comme sous forme d'intuition ou de ouï-dire (on en revient ainsi à Spinoza).

Quant au hasard, Hubert Reeves reprend la phrase de Démocrite énonçant "Tout arrive par hasard et par nécessité". Les physiciens ont tendance à être d'accord avec lui. On évoque ici le déterminisme, qui s'oppose à la nécessité. Ainsi, il y aurait trop de "coïncidences", de "hasard" pour qu'en "si peu de temps", l'Homme puisse se poser ces questions là.

15/ Dieu a-til sa place dans la connaissance que la science nous donne de l'univers ?

La science ne peut ni prouver l'existence de dieu, ni prouver qu'il n'existe pas. La science nous dit comment l'univers fonctionne, ses procédés chimiques, son évolution, mais elle ne dit pas si toutes ces observations correspondent à un projet, à un dieu, à une transcendance.

Ainsi, certains scientifiques sont très croyants, d'autres préfèrent éviter de mélanger science et religion, partant du principe qu'une "croyance", et donc que "croire" (le "credo") ne peut s'accorder à la science, la raison pure.

Luc-Olivier Merson, Le Repos pendant la fuite en Egypte, 1879

Pour Hubert Reeves, la question religieuse est personnelle. C'est à chacun de considérer ou non la présence d'un Dieu absolu.
Il utilise souvent, dans une vulgarisation toujours impeccable, une comparaison : dans un procés, il y a d'un côté le jury, de l'autre les avocats et la plaidoirie. Les juristes écoutent la défense, pesant le pour et le contre, mais l'avocat à aucune moment ne peut dire "voila la sentence que vous devez appliquer". L'avocat est une image de la science. Selon Hubert Reeves, elle présente les faits, et c'est au lecteur éclairé que nous sommes de faire la part des choses afin de distinguer la place d'une divinité dans la connaissance et la science.

Il termine en disant "Les questions sont universelles, les réponses sont culturelles". Ainsi, selon la culture et l'éducation qui nous a été faites lors de l'enfance, chaque être parvient à s'orienter dans la foi, la croyance. Les questions sont personnelles, dans le sens que chaque individu réfléchit, doute lorsqu'il observe le ciel, qu'il note tous ces "hasards". Malgré le côté objectif de la science, chaque observation, chaque théorie apporte une foule de sentiments qui ont un lien avec la spiritualité. Le côté subjectif correspond à ceci : "qu'est ce que je fais de ces faits quand je me pose des questions sur le sens de la vie, l'existence de Dieu...". La science apporte les réflexions, et plus cette connaissance s'approfondit, plus la spiritualité devient évidente. A l'opposé de l'obscurantisme, la science est une lumière sur la question de Dieu.

D'autre part, Nietzsche déclare dans Ainsi Parlait Zarathoustra : "Dieu est mort"
Or les hommes ne peuvent pas vivre sans absolu, sans le sens de la transcendance. Remplacer l'idée de Dieu par un autre absolu, voilà la réflexion de Nietzsche, afin d'accéder à la vérité. Or, les absolus créés par l'homme (comme le Bien, le Mal, ...) ne sont pas absolus selon lui. Pour trouver le "vrai", il faut chercher dans la science, qui suppose une foi inconditionnée dans la vérité. 


Dans un contexte différent, Einstein, en découvrant théorie de la relativité permet aux scientifiques de s'apercevoir q'un domaine que l'on croyait compliqué revêt en réalité une certaine simplicité. Au fil du temps, les prédictions de la physique quantique corroborent aux résultats en laboratoire. Einstein en est conscient, et en est insatisfait : il y a une dose d'aléatoire, le hasard est une part importante de la découverte. Einstein pense qu'en creusant plus profond, on se débarassera du hasard quantique. Il dit ainsi à Niels Bohr "Je ne peux pas croire que Dieu joue aux dés".
Et l'intéressé de répondre : "Albert, cessez de dire à Dieu comment il doit se comporter".

Ainsi, le scientifique est en perpétuel rapport avec Dieu. Mais au fil du temps, il ne cherche plus à démontrer son existence ou non, mais plutôt à voir des signes de ses manifestations. A trouver des vérités divines, des hasards providentiels, la science frôle ces manifestions.

Et le parfumeur de talent Serge Lutens de rajouter, "Quant à servir un Dieu, au plus, laissez-moi ma bonne étoile car si nécessaire, c'est moi qui l'allumerai".

16/ Dites dans quel état d'esprit la lecture de ce livre vous a plongé

De la lecture de Poussières d'étoiles, j'ai ressenti deux sentiments paradoxalement différents.


Poussières. Où le sentiment d'être insignifiant et d'en prendre consience. On prend conscient, en plus de soi qu'il existe au dela de ce que l'on observe, des mondes lointains. Les proportions dépassent l'imagination, notre entendement, mais le propre de l'homme fait en sorte de poursuivre encore et toujours ce sentiment. Dans cette course à l'infinité, l'homme se rend compte de son insignifiance face aux immensités de l'univers, aux splendeurs du ciel, à l'implacable suite d'évenements logiques.


Etoiles. L'étoile est absolue. Dans l'Antiquité, elles symbolisaient le regard des dieux sur la Terre. De plus, ces étoiles sont créatrices d'atomes. Nous l'avons vu, nous naissons des étoiles. De plus, de tout l'univers, il existe des milliards de galaxies. Dans notre galaxie, il y existe des milliards d'étoiles. Dans notre système solaire gravitent 8 planètes. Et sur Terre, parmi 7 milliards d'être humains, j'existe. Et je suis fait d'étoiles. Par un hasard, ou par une intention, je suis là et je pense, je prend conscience de ce que je suis. Et cette simple réflexion me rend très important.



Hubert Reeves dit dans le chapitre Au royaume des galaxies :
"Le vertige que procure l'observation d'Andromède ne vient pas seulement de sa distance. C'est qu'il s'agit d'un véritable "univers" en dehors de notre Galaxie". En plus de réflexions sur la vie, extraterrestre comme terrestre, cette sensation d'abîme est réellement saisissante à la lecture du livre.

Elsheimer, La Fuite en Egypte (modifiée)
A travers ces mots, Hubert Reeves exprime ainsi une sensation entre méditation, suspension, et spritualité : le vertige. Abîme de la conscience, qui en plus de refléter une infinité de facettes quant à sa propre existence, sa propre essence, traduit la manière, à travers un absolu qui peut être d'ordre scientifique aussi bien que spirituel, d'être transcendé. On prend conscience de notre propre conscience (je respire, je me pose des questions, j'observe le ciel, ...), mais aussi de probables consciences en dehors de ce que l'on observe. Nous sommes une sorte de funambule sur un fil qui sépare la rationalité (oui, il est probable que la vie existe ailleurs étant donné l'infinité de l'univers), et une sorte de vertige instincitf proche de l'irrationnel (je suis persuadé de ne pas être seul, même si je n'ai aucun moyen de le prouver).

17/ Le vocabulaire et le style

Il s'en étonne lui-même, mais Hubert Reeves est un vulgarisateur scientifique talentueux. N'allez pas y voir un quelconque propos péjoratif : en plus de ses capacités en physique, en biologie voir même en philosophie, Hubert Reeves est doué de pédagogie.

Serge Lutens

Par la vulgarisation, il arrive à rendre accessible un monde qui ne l'est pas. Du jeune passionné d'une dizaine d'années à la personne âgée éclairée, par des images, une explication méthodique, claire et grâce à un vocabulaire loin de toute nébulosité, Hubert Reeves parvient à faire comprendre les notions scientifiques nécessaires à la compréhension du monde en astrophysique.

La plupart du temps, l'auteur explique une idée scientifique et par conséquent, pour le moins difficile à se représenter. Il développe alors une métaphore qu'il file pertinemment. Par exemple, pour décrire le fonctionnement d'une cellule humaine dans Le casino de la vie, il compare la structure cellulaire à une sorte d'usine miniature très active : "Nous sommes ici dans une usine bourdonnante d'activité. Il y a un service d'arrivée des matières premières. Il y a des chaînes de montage où les matériaux sont assemblés. Il y a un coffre-fort où précieusement sont conservés les plans qui spécifient les modes d'assemblage. Des messagers font la navette entre les différents secteurs et transmettent les informations. Un service de voirie éjecte les déchets hors de la membrane cellulaire. Des équipes d'inspecteurs spécialisés supervisent en permanence le cours de ces opérations. Voilà ce que renferment ces masses transparentes, si petites qu'il faut un microscope pour les observer".

De plus, de nombreux exemples et moult applications viennent appuyer les propos de l'astrophysicien. Jamais Hubert Reeves ne délivre une information sans en tirer une vision concrète pour le lecteur. Il diversifie ses sources, en citant Darwin, Mozart, ou des textes des civilisations antiques à propos du ciel, et rend universel Poussières d'étoiles.

De plus il procède, comme un bon scientifique, par une démarche de démonstration. Hubert Reeves part d'un constat, une observation. Il émet ensuite clairement une question, que le lecteur tend à se poser. C'est alors qu'il entame une démonstration avec des propos scientifiques appuyés et clairs. Enfin, il illustre le tout par la méthode des exemples précitée.
En outre, Poussières d'étoiles (et c'était d'ailleurs sous ce format qu'il fut édité en premier lieu) est un livre illustré de nombreuses images. Beaucoup de figures et photographies viennent concrétiser et sublimer la beauté du raisonnement scientifique. Les notes permettent de récapituler ou de noter quelques observations originales vis-à-vis d'un phénomène (la tâche de Jupiter, une espèce animale originale, ...).

Ainsi, Hubert Reeves a écrit Poussières d'étoiles comme un authentique livre d'images, littéraires, scientifiques, ou tout simplement belles.


18/ Citations caractéristiques

"Pour pouvoir dire "je", il faut que des myriades de molécules d'oxygène, en provenance de l'atmosphère, soient pompées dans mes poumons, véhiculées par les globules rouges de mon sang jusque dans mon cerveau et, de là, distribuées à des milliards de neurones qui se chargent et se déchargent plusieurs milliers de fois par seconde".
Hubert Reeves, dans Le spectacle du monde, décrit ici le procédé scientifique qui permet à l'homme de prendre conscience de lui-même.

"La Nature utilise sa recette favorite : l'association des systèmes".
Toujours dans Le spectacle du monde, l'auteur énonce une des propriétés de la Nature, qu'il répète plusieures fois dans Poussières d'étoiles.

Serge Lutens

"La vie, cette tendance mystérieuse et universelle à s'associer, à s'organiser, à se complexifier"

"Une galaxie comme la nôtre, avec ses centaines de milliards d'étoiles, ses nébuleuses, ses planètes, et peut-être ses civilisations. Documents vertigineux qui nous rendent comme aucun autre l'image de l'immensité de notre univers. [...] Nos images suggèrent que l'univers est infini, que le nombre de galaxie est infini.". L'état d'esprit à la lecture de ces paroles ne peut être que celui d'un plongement dans l'infini. Plus qu'une sensation d'une vertige, le moment redouté est la chute. Et pendant cette chute, c'est toute la pensée humaine qui défile...

"Pour décrire le Big Bang, il faudrait une page blanche de dimension infinie"

"Le lecteur se demande peut-être comment on arrive à décrire l'intérieur du Soleil, un lieu qui semble à jamais échapper à nos regards. C'est là une manifestation de la puissance et de l'efficacité de la pensée humaine". Là encore, la capacité de l'Homme à se poser des questions est mise en relief par Hubert Reeves. Et les observations scientifiques, permettant en plus de comprendre dans lequel nous vivons, permet aussi de saisir un peu de l'Homme lui-même.

A propos du "cycle" de la matière cosmique, de la mort des étoiles :
"Plutôt que d'un cycle, il faudrait plutôt parle d'une spirale. [...] J'aurais pu appeler ce livre La Spirale de l'évolution cosmique"

"N'oublions pas de garder ouvert l'oeil de la contemplation, avec celui de l'analyse. Comme les couchers de soleil, les agonies stellaires sont des spectacles grandioses et solennels". Plus qu'un livre de vulgarisation scientifiques, Poussières d'étoiles est une ode à la contemplation du ciel.

"L'une des recettes favorites de la Nature : assembler des unités élémentaires, ici les poussières et les gravillons, pour engendrer des êtres nouveaux, ici les planètes, appelés à jouer un rôle inédit dans l'organisation de la matière". La particularité de la Nature, encore mise en avant, ici dans le procédé expliquant la formation des anneaux de Saturne.

"Les organismes vivants ne sont pas simplement des systèmes composés d'un grand nombre de particules. Il y a quelque chose de plus"
Question de l'identité : "Nous devons échanger de la matière avec l'extérieur pour la garder. [...] La mort, c'est l'arrêt des échanges avec le monde extérieur. Comme le noyau atomique, l'animal mort n'est plus que la somme des particules qui le constituent." L'Homme est constitué de "quelque chose en plus", que soupçonnait déjà Aristote. Là, la science frôle le divin, en s'interrogeant sur la vie, mais aussi sur la mort du vivant. Comment est-il défini ? Pourquoi existe t-il ?

"Le miracle, ce n'est pas que la vie soit apparue sur la Terre, c'est qu'elle ait pu apparaître sur la Terre..." Hubert Reeves parle ici de miracle. Hasard ou nécessité ? L'homme est sur Terre, mais pourtant, il l'habite depuis bien trop peu de temps pour qu'il soit là que par hasard...

Serge Lutens
"L'élément clef, ici, les c'est la mort. Contrairement aux atomes, les organismes vivants sont mortels. Se pose pour eux le problème de rester en vie, qui attache des valeurs bénéfiques ou maléfiques à des événements provoqués par des acteurs neutres et inconscients : les rayons cosmiques. Parce qu'ils sont mortels, les animaux évoluent et se perfectionnent. Les atomes, immortels, sont figés pour l'éternité. [...] Le jeu des mutations et du hasard, sous la contrainte de la mortalité, voilà le moteur de l'évolution des vivannts, de la cellule à l'être humain. Pour réaliser les potentialités de la matière, la Nature, une fois de plus, fait appel au hasard. [...] Grâce à la mort."

"Grâce au cerveau, nous sommes en mesure de prendre conscience de nous-même comme de l'univers qui nous entoure"

"La maîtrise du feu comme les peintures de Lascaux montrent que nos ancêtres n'avaient rien à nous envier. Et leur insistance à enterrer leurs morts suggèrent que leurs états d'âme étaient semblables aux notres." L'homme est aussi défini par une spiritualité qui le différencie des animaux. L'homme se préoccupe du passage de l'état de vivant à la mort.


"Quand le peintre rupestre de Lascaux agence des couleurs sur les murs de sa caverne, il poursuit, sans le savoir, l'activité créatrice que la Nature déploie depuis 15 milliards d'années. Par lui, maintenant, la Nature joue sur un deuxième plan.
On atteint un troisième plan quand l'oeuvre artistique est perçue par une autre personne.
Mozart fait vibrer des cordes de l'âme humaine qui n'avaient jamais vibré auparavant. Est-ce que sa musique crée des émotions nouvelles, ou est-ce qu'elle révèle des possibilités déjà existantes ? Vieux problème sans solution. Nous touchons ici aux limites des mots, mal adaptés.
Schubert écrit ses chants. Wagner compose ses opéras et l'humanité accède à un niveau plus élevé de la richesse de vivre. La Nature joue sur ce troisième plan, dans l'éxulation des derniers quatuors de Beethoven ou des Nymphéas de Claude Monet."

"Il importe aussi de contempler ces paysages nouveaux pour en percevoir l'harmonie, pour en percevoir la beauté. [...] Ils sont riches d'inspiration et d'enseignement. Ils peuvent nourrir l'imaginaire de l'être humain."


Serge Lutens

19/ Les lectures complémentaires que ce livre vous a incité à faire

Lectures

L'autobiographie d'Hubert Reeves
Je n'aurai pas le temps est aussi un livre écrit par Hubert Reeves. Sauf qu'à la différence de ses livres de vulgarisation scientifique, l'auteur nous livre ici un regard sur sa vie. Il évoque son enfance sur les bords du Saint-Laurent, la bibliothèque familiale, son éducation chez les Jésuites, puis ses aventures d'étudiant. Il évoque plusieurs de ses voyages, notamment en URSS et en France. Pour finir, il émet des réflexions d'ordre écologique, un combat qu'il mène depuis le milieu des années 1990 (il est actuellement président de la ligue ROC, pour la protection de l'environnement). J'étais déterminé à être astrophysicien quand j'ai lu pour la première fois cette autobiographie, après avoir rencontré Hubert Reeves en personne. Et en plus de ses illuminations personnelles, aussi bien d'un point de vue scientifique, que philosphique ou artistique, ce livre relate aussi les avancées progressives de la science, avec une réflexion intéressante sur les articles d'astronomie, et quelques anecdotes sur des découvertes pour le moins évidentes pour nous.



Redon, L'apparition, 1910
A Rebours, de Joris Karl Huysmans est typiquement l'oeuvre décadentiste du XIXème siècle. Des Esseintes, le narrateur, est un jeune descendant d'une grande famille aristocrate, qui est désabusé par la vie, cherchant à vaincre l'amertume en détournant l'absolu. Nous l'avons déjà dit dans ce travail sur Poussières d'étoiles, mais l'homme ne peut pas vivre pleinement sans absolu. Cette oeuvre est complètement contemporaine à l'oeuvre de Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, qui commence par le célèbre "Dieu est mort". Or, Dieu est l'absolu humain, transcendant, des hommes. A Rebours est une réponse à Ainsi parlait Zarathoustra, donnant naissance à une sorte de philosophe-artiste, représentés par Oscar Wilde, ou encore Charles Baudelaire. D'eux, nous retiendrons Les Fleurs du Mal, recueil de poèmes qu'encense aussi Des Esseintes dans le livre de Huysmans. Et un des célèbres aphorismes de Wilde "nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles".

Le lien avec Poussières d'étoiles est intéressant. Puisqu'après l'étude de l'absolu à travers le point de vue scientifique, voir même sur la question de Dieu "Y a-t-il une intention dans la nature ?", évoqués par Hubert Reeves, nous avons une différente vision où l'Art est absolu, où la beauté est le seul but recherché. L'esthétisme comme transcendance, voilà ce que nous apprend A Rebours.


Il est intéressant de voir dans ce clip du groupe Florence + The Machine une nouvelle lecture liant vanité et spiritualité. La chanteuse, à l'allure tout droit tirée d'un tableau préraphaélite de Dante Rosseti, est tiraillé entre  l'obscurité profane et la lumière sacrée (les plans successifs sur les enfants de choeur et l'homme pratiquant le vaudou s'opposent directement). En croyant échapper au profane en sautant de l'immeuble, et en atterissant dans une figure christique dans une église, elle est finalement rattrapée par le Diable dans les derniers plans, représenté par l'homme blond à la fin de la vidéo.
Au début et à la fin de ce clip, la chanteuse est l'élément d'une vanité baroque. On retrouve les symboles du crâne de cristal, de l'or et des richesses, même de l'emprisonnement dans une cage à oiseau tatouée sur son doigt. Et la femme, elle même représente les plaisirs vains, caractérisés par la rose dans les vanités picturales du XVIIIème siècle.
A cheval entre A Rebours et Tous Les Matins du Monde, cette vidéo représente les quêtes spirituelles, la difficulté pour l'homme de trouver la foi, ou du moins un absolu. Et cette quête est sans fin. D'une certaine manière, Poussières d'étoiles pousse à réfléchir sur la verticalité de la foi, sur le monde actuel, épris de consommation et perdant la valeur du beau. "Après un tel livre, il ne reste plus à l’auteur qu’à choisir entre la bouche d’un pistolet ou le pied de la croix" disait Barbey d’Aurevilly, grand contemporain d'Huysmans à propos d'A Rebours. Huysmans s'étant converti peu après, lui répondit dans sa préface "C'est fait".


Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !



Charles Baudelaire, "Harmonie du Soir", Les Fleurs du Mal




Les Parfums Histoire Anthologie Dictionnaire, est un livre qui vient tout juste de paraître. Il a été écrit par Elisabeth de Feydeau, une historienne du parfum, et ce pendant plus de quatre ans. Le résultat est considérable : en 1216 pages, Les Parfums devient l'ouvrage de référence en matière de parfumerie. Il balaye l'histoire, comme la littérature ou la science, avec en plus des propos de parfumeurs passionnants et un dictionnaire précis et documenté, le tout orienté sur le monde des odeurs.

En ayant relu Poussières d'étoiles, j'ai réussi à lier cette lecture, dans une vision liant l'absolu céleste et l'essence de l'odeur. En effet, le parfum est présent chez l'humain depuis plus de 4000 ans : le parfum est né avant l'écriture. Pendant 6000 ans, le parfum n'avait alors qu'un principal but : élever l'âme des hommes vers Dieu, faisant de la fumée odoriférante le lien entre l'homme et Dieu.

"Symbole d'éternité, le parfum est le substitut pour les humains de l'ambroisie des Dieux. Il ne leur confère pas l'immortalité, mais il leur permet de se rapprocher de la divinité en leur donnant accès à une dimension immatérielle. Le parfum non seulement dégage des odeurs divines, mais donne aussi ces aspects luisants que l'on peut comparer à la beauté lumineuse des habitants de l'Olympe. [...] Tout comme en Egypte, le parfum est brûlé sur les autels en l'honneur des dieux, on parfume les défunts et l'on enduit les statues des dieux ou les stèles funéraires d'une huile parfumée qui contribuent à conserver l'apparence de la vie", écrit Elisabeth de Feydeau à propos du rapport entre l'homme et le parfum en Grèce. Bien évidemment, toutes les civilisations se sont parfumées, et se ont utilisé le parfum pour communiquer avec le ciel, la terre, la nature ou le feu divin.

Vanité olfactive - l'odeur est volatile - mais beauté entre composition de l'esprit, maniement de la science et des atomes (des étoiles), le parfum est Fumée d'étoiles.

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