mardi 3 janvier 2012

15/ Dieu a-til sa place dans la connaissance que la science nous donne de l'univers ?

La science ne peut ni prouver l'existence de dieu, ni prouver qu'il n'existe pas. La science nous dit comment l'univers fonctionne, ses procédés chimiques, son évolution, mais elle ne dit pas si toutes ces observations correspondent à un projet, à un dieu, à une transcendance.

Ainsi, certains scientifiques sont très croyants, d'autres préfèrent éviter de mélanger science et religion, partant du principe qu'une "croyance", et donc que "croire" (le "credo") ne peut s'accorder à la science, la raison pure.

Luc-Olivier Merson, Le Repos pendant la fuite en Egypte, 1879

Pour Hubert Reeves, la question religieuse est personnelle. C'est à chacun de considérer ou non la présence d'un Dieu absolu.
Il utilise souvent, dans une vulgarisation toujours impeccable, une comparaison : dans un procés, il y a d'un côté le jury, de l'autre les avocats et la plaidoirie. Les juristes écoutent la défense, pesant le pour et le contre, mais l'avocat à aucune moment ne peut dire "voila la sentence que vous devez appliquer". L'avocat est une image de la science. Selon Hubert Reeves, elle présente les faits, et c'est au lecteur éclairé que nous sommes de faire la part des choses afin de distinguer la place d'une divinité dans la connaissance et la science.

Il termine en disant "Les questions sont universelles, les réponses sont culturelles". Ainsi, selon la culture et l'éducation qui nous a été faites lors de l'enfance, chaque être parvient à s'orienter dans la foi, la croyance. Les questions sont personnelles, dans le sens que chaque individu réfléchit, doute lorsqu'il observe le ciel, qu'il note tous ces "hasards". Malgré le côté objectif de la science, chaque observation, chaque théorie apporte une foule de sentiments qui ont un lien avec la spiritualité. Le côté subjectif correspond à ceci : "qu'est ce que je fais de ces faits quand je me pose des questions sur le sens de la vie, l'existence de Dieu...". La science apporte les réflexions, et plus cette connaissance s'approfondit, plus la spiritualité devient évidente. A l'opposé de l'obscurantisme, la science est une lumière sur la question de Dieu.

D'autre part, Nietzsche déclare dans Ainsi Parlait Zarathoustra : "Dieu est mort"
Or les hommes ne peuvent pas vivre sans absolu, sans le sens de la transcendance. Remplacer l'idée de Dieu par un autre absolu, voilà la réflexion de Nietzsche, afin d'accéder à la vérité. Or, les absolus créés par l'homme (comme le Bien, le Mal, ...) ne sont pas absolus selon lui. Pour trouver le "vrai", il faut chercher dans la science, qui suppose une foi inconditionnée dans la vérité. 


Dans un contexte différent, Einstein, en découvrant théorie de la relativité permet aux scientifiques de s'apercevoir q'un domaine que l'on croyait compliqué revêt en réalité une certaine simplicité. Au fil du temps, les prédictions de la physique quantique corroborent aux résultats en laboratoire. Einstein en est conscient, et en est insatisfait : il y a une dose d'aléatoire, le hasard est une part importante de la découverte. Einstein pense qu'en creusant plus profond, on se débarassera du hasard quantique. Il dit ainsi à Niels Bohr "Je ne peux pas croire que Dieu joue aux dés".
Et l'intéressé de répondre : "Albert, cessez de dire à Dieu comment il doit se comporter".

Ainsi, le scientifique est en perpétuel rapport avec Dieu. Mais au fil du temps, il ne cherche plus à démontrer son existence ou non, mais plutôt à voir des signes de ses manifestations. A trouver des vérités divines, des hasards providentiels, la science frôle ces manifestions.

Et le parfumeur de talent Serge Lutens de rajouter, "Quant à servir un Dieu, au plus, laissez-moi ma bonne étoile car si nécessaire, c'est moi qui l'allumerai".

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